Construction d'un Bungalow

La première étape pour se lancer dans une construction est de réaliser un plan pour visualiser votre projet de construction. J'ai testé plusieurs logiciels gratuits mais il y a toujours un problème de limitation des possibilités ou d'ergonomie. Au final j'ai investi en 2021 dans architecte 3D version GOLD. A l'époque on pouvait acheter le produit pour moins de 100€. Maintenant ils sont passés en abonnement mensuel...

Mais le logiciel est très adapté au débutant, prise en main rapide et intuitive et permet de faire votre plan et visualiser le rendu 3D intérieur ou extérieur, se déplacer. Cela permet de se faire une idée rapide, de pas se planter sur l'espace disponible pour le passage des meubles, escaliers, ouverture des portes, les prises électriques etc...

On peut réaliser des étages, le niveau inférieur est vu en légère transparence, on peut bien adapter le passage de l'escalier ou des murs porteurs. Ci-dessus un exemple d'un futur projet, mais avant on s'entraine sur quelque chose de plus simple, à savoir un petit bungalow sans étage.

Pour votre permis ou votre déclaration de travaux toute la partie administrative se fait essentiellement en ligne et c'est très pratique. L'architecte conseil de l'urbanisme (gratuit) vous permettra d'avoir les dernières mises à jour des règlements. Moi j'ai eu l'agréable surprise d'apprendre que pour mon projet je pouvais construire à n'importe quelle distance du mur de clôture (suite à un changement de zone) alors que cela n'était pas possible antérieurement (distance de 4m à respecter ou alors mitoyenneté).

Attention tout de même, il vous faudra vous entrainer à utiliser votre logiciel, ne pensez quand même pas que cela va se faire tout seul si vous êtes totalement newbie de la souris. Il faudra y passer plusieurs heures et ne pas être du genre à se décourager à la première difficulté. Mais ce sera vrai pour tout le reste du projet d'ailleurs, on ne fait pas d'économie sans huile de coude !

Faites faire un devis au préalable par une ou deux entreprises pour la réalisation globale de vos travaux. Cela vous donnera une idée déjà du prix. Ensuite il vous faudra évaluer ce que vous pourrez faire vous même pour économiser ou trouver des artisans pour réaliser les parties les plus compliquées. Personnellement, pour tout ce qui touche à la maconnerie, ferraillage et toiture je préfère de loin prendre des artisans. L'erreur c'est de commencer soit même quelque chose, se rendre compte que c'est au dessus de vos capacités et être obligé d'appeler un artisan pour rattraper le coup. Là ca vous revient plus cher et vous perdez beaucoup de temps

La première étape est de réaliser les tranchées pour les fondations. Il y a un marquage au sol à réaliser pour délimiter les fondations. Ensuite on creuse sur une largeur de 40cm environ. Il faut essayer de faire cela avec le plus de soins possibles car une erreur vous oblige à refaire venir (et payer) le bobcat ou alors de creuser à la pioche (et temps perdu !).

La profondeur minimale est de 30-40cm car il faut pouvoir faire passer une rangée de pierre de chainage et tenir compte de l'épaisseur de la semelle. Attention aussi à bien tenir compte des dénivellés (prenez régulièrement des mesures lors de la fouille ! ) pour pas vous retrouver soit trop profond, soit pas assez ...

Prévoir aussi le marteau avec le bob-cat car cela peut-etre utile ponctuellement. Attention, le coût pour l'usage du marteau est plus élevé et si vous tombez sur une veine de roche, il est parfois préférable de faire avec (en modifiant par exemple légèrement votre plan) que de vouloir tout péter ...

L'étape suivante a été d'investir dans une petite bétonnière. Le choix s'est porté sur une marque qui a fait ses preuves : Guy Noel . J'ai pris ici le model électrique, largement suffisant pour un petit chantier. Vous pouvez trouver d'autres marques (chez leroy merlin ou bricolage...) , avec un volume plus grand et un moteur soit disant plus puissant et vous retrouver en rade au bout de 30mn pour surchauffe... C'est la coupure de sécurité qui se déclenche et vous devez alors laisser reposer 20mn avant de pouvoir relancer pour 30mn... Donc vraiment, investissez dans une bonne marque pour ne pas être en galère dès le début de votre chantier ...

Avant de couler les semelles et monter les parpaings, il faut tirer les lignes de niveau pour avoir l'alignement et les dimensions de facon précise. L'expérience d'un bon macon est nécessaire. Cependant il ne faut pas hésiter à vérifier car nul n'est à l'abri d'une erreur. C'est tout de même assez bluffant de voir un bon macon tirer des angles droits sans pour autant connaître la réciproque du théorème de pythagore ... Je me contentais de vérifier avec mes calculs de racine carré :-)

Pour ma première commande j'ai acheté les matériaux (parpaing, fer 12 , semelle, treillis soudé ...) chez ravate professionnel au port. Il ne faut pas négliger le prix du transport quand vous commandez et c'est parfois plus rentable de payer un peu plus cher différents matériaux mais pouvoir tout transporter d'un coup que de vouloir gagner quelques euros dans des magasins différents et multiplier les frais de transport ... cliquez ici pour une idee du prix des parpaings (devis fait en 2021)

La semelle (ferraillage que l'on voit sur la photo) ne doit pas toucher la terre, elle est surélevée d'environ 5cm avec des morceau de pierre de parpaings. Il faut que le béton coule par dessous pour bien entourer le fer. Vous pouvez aussi couler au préalable un petit "béton de propreté" et poser la semelle dessus avant de couler le reste du béton mais c'est un peu plus long.

Le ferraillage respecte quelques règles simples : Utiliser des fers 12 (c-a-d des fers de diamètre 12mm) . On met un fer tous les mètres et deux dans les angles. Il faut mettre des fers dans l'alignement des montants des portes et des fenêtres. Quand on achète soi-même les matériaux, on est sure de mettre ce qu'il faut là où il le faut. Attention cependant à ne pas surferrailler : c'est inutile, coûteux , voir même dangereux car la solidité d'une structure dépend du rapport fer/béton et si vous placer par exemple 5 fer 12 dans un angle en pierre de 20cm*20cm, il n'y aura plus suffisamment de place pour le béton et la structure sera fragilisée.

Pour les fondations on utilise ce qu'on appelle des "blocs à bancher" . Il s'emboitent les uns dans les autres et permettent le passage d'un fer horizontale qui va ceinturer la structure et lui assurer une grande solidité. (cliquer sur la photo la voir en grand format et voir le passage des fers) Dans l'angle les fers sont pliés et repartent dans la fondation pour assurer un forte résistance à l'arrachement.

Ici on va couler la dalle en même temps que les fondations pour un ensemble homogène et très solide. Pour cela il faut préparer le coffrage. Une astuce est d'utiliser la pierre elle même pour le coffrage en cassant un coté. Penser aussi à damer le sol une fois la surface comblée (Location d'une petite dameuse   chez locabaie à cambaie)

On place ensuite un polyane sur la terre et par dessus on place le treillis soudé. Comme pour la semelle, il est important que le treilli soit surélevé de quelques centimètres pour permettre un enrobage complet par le béton. Dans la foulée on pose les gaines électriques et, très important, on attache les gaines au treilli tous les 25cm environ car les gaines sont remplis d'air et ont une facheuse tendance à flotter sur le béton si elles ne sont pas bien fixées.

Dans la dalle je pose uniquement les gaines diamètre 20mm pour les prises de courants. Je fais une boucle là où je veux mettre une prise et j'enchaine sur la prise suivante. Toutes les gaines se rejoignent au niveau du tableau électrique. Il faut tirer le plus droit possible les gaines pour faciliter ensuite le passage des câbles électriques. Vous pouvez préfiler les câbles électriques si la longueur à tirer est importante et que vous êtes débutant. Pour le coup là moi je ne préfile pas, ce sera donc une première...

En matière d'électricité vous devez respecter des normes. Si vous vous y connaissez vraiment dans ce cas vous le faite tranquille sinon faites vous impérativement assisté par quelqu'un qui s'y connait ou embauchez un professionnel. Contrairement à la plomberie, vous risquez votre vie ou celle d'un proche si votre installation électrique n'est pas conforme. Il faut respecter les couleurs des câbles, choisir les sections en fonction de l'usage final, adapter les disjoncteurs à la charge etc... Bref, pas d'improvisation ou d'à peu près en matière électrique et une formation dans ce dommaine vaut de l'or car un professionnel revient souvent très cher!

Pour couler la dalle mon choix est de le faire au camion toupie + pompe. C'est pas donné mais c'est diablement efficace et revient moins cher au final car tout est terminé dans la journée. Tenter de le faire avec une petite bétonnière électrique est très risqué vu le volume de béton à couler, la structure est moins solide et homogène et vous n'êtes pas à l'abri d'une panne. Vous devez effectuer un calcul de volume (Largeur*Longueur*Hauteur) et tenir compte aussi du volume de béton dans les blocs à bancher. Il faut donc à nouveau sortir la calculette. Prévoir un peu plus pour une marge d'erreur et prévoir où vous allez jeter le surplus éventuel. Jeter le suplus de béton autour de la structure n'est pas forcément une bonne idée si vous devez ensuite passer vos pvc et cuivre pour la plomberie...

Mes gaines sont correctement attachées et pas de soucis de remontées, je peux prendre des photos tranquillement . J'ai choisi un béton hydrofugé pour être tranquille au niveau remonté d'eau éventuelle. C'est un petit plus que souvent les entreprises ne font pas pour économiser quelques dizaines d'euros mais qui peut éviter beaucoup de soucis ...

Une fois la dalle faite, j'ai laissé séché un week end et tiré les câbles electriques : rouge pour la phase, bleu pour le neutre et jaune/vert pour la terre , en 2.5mm2 voir ici Je n'ai pas eu de soucis particulier même si quand on le fait seul c'est un peu plus long (il faut tirer d'un coté et donner du mou de l'autre coté de la gaine. Surtout il faut éviter au maximum de plier les câbles électriques car ca engendre des frottements et ca complique la tâche lorsque la longueur de câble est importante. Je ne retrouve plus les photos, mais vous avez pleins de tutos sur le sujet sur le net.

Il s'agit ensuite de monter les murs. On s'assure au départ que les portes et fenêtres sont bien marquées au sol et le ferraillage correctement positionné. Lorsque qu'on monte les murs, seules les parties ferraillées sont remplies avec du béton. La partie maconnerie est généralement très rapide, le taf ci-dessus est a été fait en 2 jours.

Au bout d'une semaine le travail a bien avancé. Il faut anticiper les besoins au niveau matériau pour ne pas perdre de temps. Par exemple pour les planches de coffrage ,les clous, le ciment ou le 0-20 (gravier-sable) ... il est parfois nécessaire de compléter, il faut faire le point avec le maçon régulièrement. La dernière rangée de pierre est faite avec ce qu'on appelle des "pierres de chainage" . La pierre est précoupée pour pouvoir casser la partie centrale et cela permet de faire passer deux fers 12 de ceinture tout autour de la structure

La réalisation du pignon nécessite un coffrage. La bétonnière a travaillé a plein régime ! En calculant le nombre de pierres que nécessite le pignon, j'en ai pris trop du coup car tout le dessus du triangle est coulé en béton armé. On fera toujours des petites erreurs de ce type, il faut en tenir compte si vous avez un budget serré mais au final vous êtes gagnant quand vous faites de l'auto-construction car les économies sont réelles. Et les pierres pourront toujours servir pour autre chose plus tard !

Pour la toiture, on place des panes C qui sont soudées à des fers solidements ancrés dans le béton avec l'armature métallique. Vue la faible surface j'ai choisi de ne pas mettre d'IPN de soutien supplémentaire, 20% économisée en main d'oeuvre et en matériaux. L'endroit est abrité du vent, la construction vient en remplacement de ma vieille cabane de chantier qui avait résisté à plusieurs saison cyclonique avec 3 fers-6 clous ...

Avant de placer le chapeau (faîtière) il faut mettre une toile et produit d'étanchéité en plusieurs couches. Si vous avez le choix pour la couleur de votre toiture, prenez une couleur claire (idéal c'est le blanc). Une toiture blanche c'est 4° en moins par rapport à une toiture colorée sous le soleil de la Réunion, c'est énorme ! Pour des raisons osbcures (esthétique, reflets ?) le blanc est souvent interdit, la couleur est imposée par le règlement d'urbanisme ou du lotissement, obligeant ensuite à dépenser en isolation thermique et en climatisation, une aberration à la Réunion et encore plus lorsqu'on est en altitude...

Un toit en couleur absorbe toutes les longueurs d'onde sauf celle de la couleur en question qui est réémise, c'est pour cela qu'il chauffe. Le blanc renvoie toutes les longueurs d'ondes lumineuses et le noir lui les absorbe toutes. Il faut essayer d'aérer au maximum le local et puis mettre de l'isolation thermique dans le faux plafond (on le verra plus tard) Voyez ici Le blanc est une solution simple, peu couteuse, pour faire diminuer fortement la température.

La phase suivante est la réalisation de l'enduit projeté, le produit utilisé est le lanko 114 murblock. Il est hydrofugé et très efficace pour l'étanchéité du mur. Il faut une couche de 2 à 10mm selon la documentation. Prendre une entreprise avec la garantie décennale pour être (un peu plus) tranquille. Pour ma part jusqu'à présent aucun soucis d'étanchéité que ce soit pour la toiture ou les murs.

Lorsque j'ai fait mon plan, j'ai prévu un espace suffisant entre le mur de soutainement et le mur de la construction pour justement (entre autre) pouvoir passer tranquillement l'enduit. Vouloir gagner à tout prix des cm peut vous couter très cher si ensuite vous ne pouvez plus intervenir sur le mur ...

Le lissage nécessite de la technique. Le résultat final est très bon. Le coût pour la réalisation de l'enduit est très raisonnable, il est totalement inutile de se lancer soi-même dans ce type de travaux, vous y perdrez c'est sur, il vaut mieux payer un professionnel.

L'entreprise a réalisé dans la foulée l'enduit intérieur en platre projeté. Une fois terminé, il ne restera plus qu'à passer deux couches de peinture extérieure professionnelle pour un rendu impeccable.

Lorsque l'enduit est terminé, il faut maintenant avancer la partie électrique. Là je le fais moi-même tranquillement. Il s'agit de cabler toute ce qui concerne les points lumineux et terminer le raccord des boitiers pour les prises. Pour simplifier, je ramène tous les câbles interrupteurs et lumières intérieur au niveau d'une boite de dérivation qui sera connecté à un disjoncteur et je fais de même pour les lumières extérieures avec un disjoncteur séparé.

Je commence par faire descendre les câbles électrique (2.5mm2 pour le circuit lumière) dans le mur et ensuite je poursuis avec la gaine au sol. Il est impératif d'avoir déjà en place les gaines vides (diamètre 20mm) dans les murs sinon faut soit faire une grosse tranchée (dans votre bel enduit), soit mettre en apparent, ce qui n'est pas forcément idéal si on peut l'éviter.

Il faut maintenant s'attaquer au plafond. Le professionnel prend environ 3200€, J'étudie une solution moins cher: tenter de le faire moi même (ce sera une première). Le lambris est en promo à weldom, c'est l'occasion ! Attention cependant, achetez que du premier choix sinon vous allez galérer avec les trous et mauvaise qualité du bois. Au total, avec la charpente acheté chez vivre en bois, j'en ai pour environ 700€, c'est rentable !

La phase initiale est de prendre un point de niveau qui fera tout le tour de la pièce à plafonner: sans laser professionnel il faut être très minutieux et vigilant en utilisant un niveau à bulle et une grande règle en aluminium (2m) : Vérifier que votre niveau (instrument) n'est pas faussé: si vous le posez et que la bulle se place dans un sens, en le retournant la bulle doit se positionner exactement pareil sinon ya un défaut de l'instrument. Ensuite, pour accélérer le travail et ne pas galérer pour les ajustements, je ne fais pas d'encoche à mi-bois pour assembler la structure mais je fais reposer les traverses(solives) directement sur les poutrelles qui seront donc apparentes.

Avant de poser le lambris, il faut passer une bonne couche de xylophène sur toutes les faces pour protéger des insectes et en particulier les termites. Ensuite j'ai posé le lambris de gauche à droite, en coupant quand on arrive au bout à droite et en remettant le morceau restant sur la gauche pour la nouvelle rangée. J'ai alterné les fixations vendues avec les lambris et les vis à bois dorées. Il faut être à deux pour faire cela, seul c'est trop galère pour tenir. Plus la charpente est bien horizontale, mieux c'est. Malheureusement le bois travaille toujours un peu (voir bcp) et complique la tache d'assemblage du lambris. Mais bon, c'est faisable à deux. Il faut veiller à être le plus régulier possible, car les erreurs s'accumulent à chaque rangée et après pour corriger il faut tout démonter !

Ne pas oublier l'isolation thermique, j'ai pris le système à bulle double épaisseur acheté à M. Bricolage à st pierre: c'est très sain (contrairement à la laine de verre...) , pas de poussière, facile à dérouler et à poser. La différence de température est très net avec l'isolation et sans l'isolation ! Il faut prévoir le passage pour la fixation douille ampoule, cela se fait avec une cloche que vous mettez au bout de la perceuse. (cliquez sur l'image pour voir le passage électrique)

Une fois terminé, le rendu est plutot pas mal. Il ne reste plus qu'à mettre des baguettes de finition tout autour et c'est bon. Cela m'aura coûté 4 fois moins cher de faire par moi même, donc même si il y a quelques défauts, rien de choquant et c'est bien là l'essentiel ! Pour les fermetures en aluminium, j'ai par contre fait appel à un pro (société BMSA au port) pour du sur mesure. Ce ne sont pas forcément les moins chers mais le travail est bien fait et les menuiseries sont de bonne qualité et la société est fiable.